Collyres anti-cataracte : Peut-on vraiment ralentir la progression de la cataracte ?

Les collyres peuvent-ils agir sur l’évolution de la cataracte ?
Les collyres anti-cataracte sont conçus pour ralentir, voire stabiliser, l’évolution de l’opacification du cristallin . Ils contiennent souvent des substances antioxydantes et anti-inflammatoires comme la N-acétylcarnosine, réputée pour prévenir ou diminuer les effets du vieillissement oxydatif du cristallin. L’objectif principal de ces gouttes est de protéger les cellules cristalliniennes contre les dommages oxydatifs, réduisant ainsi la vitesse d’apparition ou d’aggravation de la cataracte.
Plusieurs molécules ont été étudiées pour leur potentiel à lutter contre la formation de la cataracte. Parmi les plus médiatisées, on retrouve :
- Le lanostérol : Une étude publiée dans la revue Nature en 2015 a suscité un grand espoir en montrant que des collyres à base de lanostérol pouvaient réduire l’opacité du cristallin chez des chiens. Le lanostérol est une molécule naturellement présente dans le cristallin sain, qui jouerait un rôle dans la prévention de l’agrégation des protéines cristalliniennes, à l’origine de la cataracte. Cependant, les études cliniques chez l’homme n’ont pas encore confirmé ces résultats de manière probante. La pénétration de la molécule à travers la cornée et sa concentration efficace au sein du cristallin humain restent des défis majeurs
- La N-acétylcarnosine (NAC) : Ce composé est un autre candidat étudié pour ses propriétés antioxydantes. L’idée est de lutter contre le stress oxydatif, un des facteurs contribuant au développement de la cataracte. Des études ont suggéré un possible effet bénéfique sur le ralentissement de la progression de la cataracte à des stades précoces. Toutefois, les preuves cliniques solides et à grande échelle manquent pour étayer ces allégations, et la communauté scientifique reste partagée sur son efficacité réelle
À ce jour, aucun collyre n’a prouvé scientifiquement son efficacité pour prévenir, ralentir ou inverser la progression de la cataracte . Malgré des recherches prometteuses sur certaines molécules, la chirurgie reste le seul traitement validé et efficace pour restaurer une vision claire.
L’avis des autorités sanitaires et des ophtalmologistes
À l’heure actuelle, aucune autorité de régulation sanitaire, que ce soit l’Agence Européenne des Médicaments (EMA) en Europe ou la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis, n’a approuvé de collyre pour le traitement ou la prévention de la cataracte. La FDA met d’ailleurs régulièrement en garde les consommateurs contre les produits en vente libre qui prétendent traiter ou guérir la cataracte, soulignant l’absence de preuves scientifiques pour de telles affirmations.
Les ophtalmologistes, dans leur grande majorité, partagent cette position. Ils rappellent que la seule méthode dont l’efficacité et la sécurité sont aujourd’hui établies pour traiter la cataracte est l’intervention chirurgicale. Cette opération, l’une des plus pratiquées dans le monde, consiste à remplacer le cristallin opacifié par un implant intraoculaire transparent, permettant de retrouver une excellente acuité visuelle dans la plupart des cas.
Qui peut bénéficier de ces collyres ?
Les collyres anti-cataracte peuvent être envisagés principalement chez les patients présentant une cataracte débutante ou modérée, souhaitant retarder une intervention chirurgicale. Ils peuvent également intéresser les patients dont la progression de la cataracte est particulièrement lente et qui souhaitent préserver le plus longtemps possible leur qualité visuelle.
Les profils les plus adaptés sont souvent les personnes âgées ayant un début d’opacité cristallinienne détectée précocement. Les patients exposés à un stress oxydatif accru (exposition importante au soleil, tabac, diabète) peuvent également tirer bénéfice de ces traitements antioxydants préventifs.
Quels effets secondaires ou limites peut-on rencontrer ?
Les collyres anti-cataracte sont le plus souvent bien tolérés par les patients, avec peu d’effets secondaires notables. Toutefois, certaines personnes peuvent ressentir des irritations locales légères telles que rougeurs, picotements ou sensation de brûlure transitoire après l’instillation.
Une des principales limites de ces collyres est leur efficacité très variable d’un patient à l’autre. Ils perdent souvent en efficacité lorsque la cataracte est déjà avancée. Ainsi, leur utilisation doit être vue comme une mesure complémentaire et préventive plutôt que curative. La nécessité d’une intervention chirurgicale reste inévitable lorsque la cataracte impacte fortement la qualité de vie du patient.
Doit-on associer collyres et autres mesures pour freiner la cataracte ?
Les collyres anti-cataracte ne constituent qu’une partie d’une stratégie globale pour prévenir ou ralentir la cataracte . Pour obtenir un maximum d’efficacité, il est essentiel de les associer à d’autres mesures complémentaires :
- Adopter une hygiène de vie saine : éviter le tabac, maintenir une alimentation équilibrée riche en antioxydants (fruits, légumes, poissons gras)
- Protéger les yeux contre les rayons UV : porter systématiquement des lunettes solaires de bonne qualité pour limiter le stress oxydatif
- Assurer un suivi ophtalmologique régulier : cela permet une détection précoce et un ajustement thérapeutique adapté à l’évolution de la cataracte
Enfin, il convient de rappeler que la chirurgie de la cataracte reste la seule solution définitive et efficace à long terme pour restaurer complètement la vision lorsque l’opacité induit une baisse de la vision.
Ainsi, même si les collyres anti-cataracte représentent une approche non chirurgicale intéressante pour ralentir l’évolution de l’opacification à ses débuts, leur usage doit être intégré dans une prise en charge globale adaptée à chaque patient . Votre ophtalmologiste reste votre meilleur conseiller pour déterminer la stratégie thérapeutique optimale selon votre cas particulier.
En conclusion, si la recherche sur les collyres anti-cataracte ouvre des perspectives intéressantes pour l’avenir, il est crucial de rester prudent face aux produits actuellement disponibles sur le marché qui avancent de telles propriétés. Pour toute personne atteinte de cataracte, la consultation d’un ophtalmologiste reste indispensable pour discuter des options de traitement validées et sécuritaires.